2026 L'année où l'Europe produira assez de cellules de batteries pour répondre à sa propre demande, si les gigafactories prévues voient le jour.
Pour que la transition vers les véhicules électriques soit réellement durable et juste, l'Europe a besoin de garanties environnementales et sociales strictes pour ses chaînes d'approvisionnement en batteries. Elle doit aussi relocaliser des éléments essentiels de la chaîne de valeur des véhicules électriques.
La demande de matières premières pour les batteries en Europe augmentera rapidement d'ici à 2050, car le continent s'efforce de passer à un transport routier sans émissions à l'échappement, essentiel pour atteindre les objectifs climatiques.
Cette forte augmentation de la demande suscite deux inquiétudes : d'une part, une offre insuffisante de matières premières pourrait entraîner une volatilité du marché et ralentir la transition vers une économie décarbonée ; d'autre part, l'expansion de l'exploitation minière, en l'absence de garanties réglementaires appropriées, peut présenter des risques pour l'environnement et la société.
« Pour réduire la dépendance aux matières premières, il faut réduire la taille des batteries, et donc produire des voitures plus compactes et moins lourdes »
2026 L'année où l'Europe produira assez de cellules de batteries pour répondre à sa propre demande, si les gigafactories prévues voient le jour.
-36 à -49% La réduction possible de la demande en métaux avec la réduction de la taille des batteries, l'amélioration de leur composition chimique et la diminution des trajets en voiture.
50% Part du lithium utilisé en 2027 devant être récupéré par les fabricants de batteries.
Aujourd'hui, l'Europe, les Etats-Unis et la Chine sont lancés dans une course mondiale à la production de technologies bas carbone et des minéraux qui les composent. La Chine possède un avantage de longue date, alimenté par des subventions de plusieurs décennies, et les États-Unis offrent de généreux crédits d'impôt aux investisseurs : la loi sur la réduction de l'inflation (IRA) a remodelé le paysage industriel, attirant des investissements substantiels dans les usines de fabrication de batteries et de traitement des matières premières.
Pour ne pas se laisser distancer et pour que la transition soit juste, l'Europe doit continuer à développer une stratégie industrielle solide afin de construire une chaîne de valeur locale pour les batteries, garantissant la sécurité de l'approvisionnement, la création d'emplois et la résilience économique.
Mais l'Europe ne part pas de zéro. Des années de politique ambitieuse visant à garantir un marché local des véhicules électriques, ainsi que les efforts de l'European Battery Alliance, ont donné lieu à des dizaines d'investissements et d'annonces dans le domaine des batteries tout au long de la chaîne d'approvisionnement. L'analyse des annonces d'investissement réalisée par T&E montre que l'Europe peut devenir autosuffisante en matière de production de cellules de batteries en l'espace de quelques années. D'ici à la fin de la décennie, la région devrait être en mesure de fournir plus de la moitié des composants les plus précieux des batteries - les cathodes - dont elle a besoin.
L'Europe devrait également devenir autosuffisante en lithium traité dans un délai similaire. L'industrie du recyclage des batteries est également en pleine expansion et, d'ici 2030, une part importante de l'approvisionnement en minéraux pour batteries de l'Europe devrait provenir de sources recyclées localement.
Dans le même temps, il est important de prendre des mesures pour réduire la dépendance à l'égard de la production primaire (extraction), notamment par l'optimisation de la taille des batteries et la diversification de leur composition chimique, la diminution de la dépendance à l'égard des voitures particulières et l'augmentation de l'utilisation des transports publics.
Une stratégie européenne est nécessaire pour passer à des véhicules électriques plus légers, plus petits, plus abordables et plus économes en ressources que les gros SUV qui arrivent sur le marché aujourd'hui. Les mesures nationales devraient inclure des incitations fiscales pour les petits modèles, tandis qu'au niveau de l'UE, des normes d'efficacité des batteries et l'obligation pour les constructeurs automobiles de produire davantage de modèles d'entrée de gamme sont nécessaires.
Les petites voitures électriques sont également parfaites pour les batteries construites avec des chimies moins gourmandes en ressources qui peuvent réduire la demande en métaux jusqu'à -20 %. Une politique industrielle forte est nécessaire pour augmenter la production européenne de nouvelles technologies telles que les batteries à base de fer (LFP) et à base de sodium (Na-ion). La réduction des trajets en voiture particulière peut entraîner une réduction supplémentaire de -7 à -9 % de la demande.
Contrairement aux voitures actuelles alimentées par des carburants fossiles, les batteries des voitures électriques font partie d'un circuit d'économie circulaire dans lequel les matériaux des batteries peuvent être réutilisés et récupérés pour produire d'autres batteries. Le recyclage des matériaux des batteries est essentiel pour réduire la pression sur la demande primaire de matières premières et, en fin de compte, pour limiter les impacts que l'extraction peut avoir sur l'environnement et sur les populations.
Les nouveaux objectifs de recyclage fixés par l'Union européenne dans le cadre du Règlement sur les batteries renforceront encore l'avantage concurrentiel des batteries par rapport aux combustibles fossiles sur le plan climatique. À partir de 2027, les fabricants de batteries devront récupérer 90 % du nickel et du cobalt utilisés, puis 95 % en 2031. Ils devront également récupérer 50 % du lithium utilisé en 2027, puis 80 % en 2031.
Les nouvelles règles s'appliquent à toutes les batteries vendues dans l'UE. Elles stimuleront les investissements nécessaires à la mise en place de capacités de recyclage supplémentaires et à la création d'emplois locaux en Europe. D'ici à 2030, une part importante de l'approvisionnement en minéraux des batteries en Europe devrait provenir de sources recyclées localement.
L'extraction de toutes sortes de ressources, y compris les combustibles fossiles et les minerais, a souvent été accompagnée d'une mauvaise gestion. Alors que le monde se tourne vers les énergies renouvelables et les véhicules électriques, l'attention se porte également sur la manière dont les chaînes d'approvisionnement peuvent devenir plus responsables et plus durables.
En 2016, Amnesty International a publié un rapport capital sur les violations des droits de l'homme en République démocratique du Congo, conduisant à une pression et une surveillance accrues sur les sociétés minières et les acheteurs de cobalt. Pour éviter ces situations, des pratiques de dialogue et de transparence avec les communautés doivent êtres mises en place, ainsi que des technologies comme les résidus filtrés pour les déchets, ou les méthodes d'exploitation minière moins gourmandes en eau. Elles doivent être appliquées de la même manière en Europe et dans le reste du monde.
Le Règlement européen sur les batteries met en place des règles de vérifications ("due diligence") qui marqueront un tournant pour les batteries durables. Pour que ces règles soient réellement efficaces, non seulement dans les chaînes d'approvisionnement du cobalt, mais aussi du nickel, du lithium et du graphite, il faut qu'elles soient appliquées. Les législateurs doivent veiller à ce que les lignes directrices relatives à la mise en œuvre soient élaborées conformément aux meilleures pratiques et aux normes internationales existantes, au plus tard en janvier 2025. L'Europe doit collaborer avec les pays producteurs pour les informer des implications de la réglementation et aider de manière adéquate les petites entreprises à satisfaire aux exigences.
Au-delà des batteries, l'UE a également adopté la loi sur les matières premières critiques (CRMA). Cette loi vise à mettre en place des projets stratégiques d'extraction, de traitement et de recyclage des matières premières, tout en rendant l'UE moins dépendante d'un approvisionnement mondial concentré dans quelques pays. Le CRMA prévoit également des garanties environnementales et sociales, y compris les droits des communautés locales, afin de s'assurer que l'accélération des projets n'entraîne pas un affaiblissement des normes. La prochaine étape importante consistera pour l'Europe à mettre en œuvre ce cadre. Les projets stratégiques visant à garantir que un approvisionnement responsable en métaux critiques devront se développer rapidement, de manière plus durable et avec la participation des communautés locales.
Selon T&E, la France est l’un des pays qui a le mieux sécurisé les investissements dans la production de batteries.
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