Communiqué de presse

Non, l’industrie automobile ne paiera pas 15 milliards d’euros d’amendes en 2025

janvier 6, 2025

Le débat sur la réglementation européenne des normes CO2 est faussé par des affirmations absurdes sur le montant des amendes.

Récemment, une analyse a circulé en Europe suggérant que les constructeurs automobiles pourraient se voir infliger des amendes de 15 milliards d'euros s'ils ne respectent pas les objectifs de l'Union européenne concernant les émissions de CO2 des voitures en 2025. Cette information fait écho à des déclarations similaires émises par l'industrie automobile quelques mois auparavant. Cette analyse, largement biaisée, est reprise par certains dirigeants européens.

Elle repose pourtant sur un biais majeur : elle évalue les sanctions potentielles pour 2025 en se basant sur les ventes de voitures du premier semestre 2024. Or à la même période l’année dernière, la nouvelle norme n'était pas en vigueur et les constructeurs ne risquaient aucune amende. Le contexte était donc très différent.

Un coup de bluff déjà tenté par l’industrie automobile

En réalité, l'industrie se prépare à l'objectif de 2025 depuis près de huit ans, puisque l'annonce a été faite en 2017. Les constructeurs automobiles ont tout intérêt à attendre 2025 pour vendre plus de véhicules électriques, car ceux vendus en 2024 ne seront pas comptabilisés dans la réduction des émissions.

Cette situation rappelle celle de 2019 : les constructeurs avaient réussi à baisser les émissions de leurs véhicules de 20 gCO2/km en moyenne, en une seule année, pour respecter une nouvelle norme. En privé, ils avaient reconnu avoir freiné les ventes l'année précédant les nouveaux objectifs afin de conserver des volumes pour l'année qui comptait vraiment.

En résumé, les constructeurs automobiles sont censés combler leur retard au cours de l'année cible. Par conséquent, l'année 2024 n'est pas représentative de l'état du marché. La majorité des modèles conçus pour se conformer à l'objectif, notamment les modèles de véhicules électriques (VE) plus abordables, vont sortir des chaînes de production dans les prochains mois.

Pour T&E, il est regrettable qu'un débat aussi crucial autour des politiques climat de l'UE soit pollué par des arguments fallacieux.

Les constructeurs ont de nombreux outils pour respecter les règles

L'analyse de T&E montre que l'objectif de l'UE en matière de CO2 pour les voitures en 2025 est à la fois réalisable et réaliste, et qu'il est peu probable que les constructeurs automobiles payent des amendes en 2025. Les constructeurs ont en effet un large éventail de leviers à leur disposition. Ils peuvent augmenter leurs ventes de voitures 100% électriques, d'hybrides, mais aussi pratiquer le pooling (ou l'achat de "crédits VE" à d'autres constructeurs automobiles), ou encore profiter des bonus pour les véhicules à émissions nulles et faibles, et des crédits d'éco-innovation.

Même dans le scénario le plus pessimiste, dans lequel les constructeurs automobiles ne respectent pas leurs plans de production, les pénalités potentielles devraient rester inférieures à 1 milliard d'euros, le groupe Volkswagen étant le principal concerné. Cette projection est basée sur des estimations prudentes de GlobalData concernant les ventes de VE, en prenant l'hypothèse que Volkswagen vendrait environ 15 % de VE en 2025 et constituerait un pooling avec Tesla. En augmentant les ventes de VE à 17 % et en gardant le pooling, Volkswagen ne paiera pas d'amende, et si les VE atteignent 22% des ventes, VW n'aurait même plus besoin de pooling pour éviter les pénalités.

La fausse estimation des 15 milliards d'euros d'amende suppose également un objectif unique de 95 gCO2/km pour tous les constructeurs en 2025. Mais ce n'est pas le cas. Chaque constructeur possède un objectif différent, ajusté en fonction de 1) la masse moyenne des voitures vendues en 2025 ; 2) des bonus liés aux nombres de ventes de voitures très faibles émissions (moins de 50gCO2/km), qui peuvent permettre aux constructeurs d'avoir des cibles plus faciles à atteindre. Par exemple, Stellantis devra atteindre les 97 gCO2/km, tandis que Volkswagen sera à 92 gCO2/km.


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