La mise à jour de la taxonomie de l’UE pourrait orienter les fonds verts vers les grands pollueurs tels qu'Airbus, Ryanair, MSC et Carnival Cruises.
La Commission européenne a publié aujourd’hui sa liste actualisée des investissements durables: les avions et les navires alimentés par des combustibles fossiles pourraient se voir attribuer le statut d’investissement « vert ». Pour Transport & Environment (T&E), ce choix d’inclure les activités aériennes et maritimes polluantes donne le coup de grâce à la taxonomie de l’UE.
Les investissements dans des avions et des navires soit-disant « efficients » seraient désormais considérés comme verts, même s’ils fonctionnent encore aux combustibles fossiles. Des millions d’euros seraient ainsi canalisés vers certains des plus gros pollueurs européens, comme Airbus, Ryanair et MSC.
Faig Abbasov, responsable du transport maritime à Transport & Environment explique : « L’inclusion des avions et des navires polluants donne le coup de grâce à la taxonomie de l’UE. Si des avions fonctionnant au kérosène et des navires alimentés au gaz sont désormais considérés comme durables, il y a peu d’espoir pour la taxonomie. Les législateurs européens doivent rejeter cette mesure et sauver ce qu’il en reste.»
L’industrie aéronautique a fait pression pour que les nouveaux avions « efficients » alimentés par du kérosène soient considérés comme des investissements verts. Sous la taxonomie de l’UE, plus de 90 % du carnet de commandes d’Airbus pourrait ainsi être considéré comme vert, tandis que près d’un tiers de la future flotte de la compagnie low-cost Ryanair serait concernée.
La mise à jour de la taxonomie prévoit également une option dont pourraient bénéficier les navires porte-conteneurs et les navires de croisière fonctionnant au gaz naturel liquéfié (GNL). Sur le papier, les navires fonctionnant au GNL émettent moins de CO2 que les navires utilisant par exemple du fioul lourd, d’où leur inclusion dans la taxonomie.
Toutefois, les critères de l’UE ne tiennent pas compte des rejets de méthane et des émissions en aval du GNL (dans les raffineries ou les pipelines par exemple), qui le rendent souvent plus nocif pour le climat que les carburants traditionnels qu’il remplace. Les géants du transport maritime tels que CMA-CGM, MSC et Carnival Cruises ne sont donc pas incités à investir dans des carburants verts, car ils continueront à bénéficier de financements verts pour des navires fonctionnant entièrement aux carburants fossiles [1].
Cet acte délégué est maintenant soumis à consultation pour une période d’un mois.
Note aux éditeurs
[1] Une analyse plus approfondie sera publiée prochainement par T&E.
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