Selon l’ONG environnementale Transport & Environment (T&E), le plan de l'Union européenne visant à vendre 100 % de voitures sans émissions en 2035 démocratisera les véhicules électriques en Europe. Les voitures sont responsables de 12 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre en Europe, et le passage à 100% de ventes de véhicules entièrement électriques est une étape cruciale pour atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle. Un nouveau marché du carbone pour les carburants routiers pourrait, s’il est accepté, augmenter le prix de 5 centimes par litre d’ici 2028.
La stratégie “Fit for 55” publiée aujourd’hui prévoit également de mettre fin à l’exonération fiscale dont bénéficie le kérosène polluant, de le remplacer progressivement par des carburants verts et d’accélérer le déploiement de la recharge électrique pour les camions. En revanche, la promotion intensive du gaz, un combustible fossile, par l’Union européenne dans le secteur du transport maritime entraînera des décennies d’émissions.
Diane Strauss a déclaré : L’objectif de 100% de ventes de voitures électriques en 2035 est une étape essentielle dans la lutte contre le changement climatique et la protection des citoyens européens. Les nouvelles règles de l’UE démocratisent les voitures électriques et donnent une impulsion majeure à la recharge. Pour autant, la position de la France dans le processus décisionnel a été particulièrement regrettable. Le gouvernement français a cherché à limiter l’ambition de la Commission européenne en soutenant les véhicules hybrides rechargeables. Ni les constructeurs français, ni l’emploi en France n’ont besoin de cette technologie controversée pour réussir leur transition.”
Voitures et camionnettes
La Commission européenne a proposé que les constructeurs automobiles réduisent les émissions des nouvelles voitures de 55 % en 2030, puis de 100 % en 2035. Selon T&E, des objectifs intermédiaires en matière d’émissions de CO2 à partir de 2025 seront nécessaires pour que les constructeurs automobiles puissent accélérer la production de véhicules sans émissions, réduire les coûts et susciter l’adhésion des consommateurs, comme Henry Ford l’a fait il y a un siècle. Au cours des 18 derniers mois, les objectifs 2020-21 de l’UE ont fait exploser les ventes de voitures électriques, permettant à de nombreux européens d’acheter leur premier véhicule électrique. Mais T&E a prévenu qu’un faible objectif de CO2 de -50% pour les constructeurs de fourgons en 2030 ne fera pas grand-chose pour encourager l’électrification du pollueur routier qui connaît la plus forte croissance.
Recharge
De nouveaux objectifs seront fixés pour les points de recharge des voitures et des camions électriques à partir de 2025. Les pays de l’UE devront veiller à ce que la capacité de charge soit suffisante pour le nombre de voitures électriques en circulation, afin que les conducteurs puissent être sûrs de pouvoir recharger leur véhicule où qu’ils vivent et travaillent, et même lorsqu’ils passent des vacances à l’étranger. Le transport routier zéro émission reçoit un sérieux coup de pouce grâce aux nouveaux objectifs fixés pour les chargeurs de camions électriques sur les autoroutes et dans les grandes villes.
Diane Strauss déclare : “Tous les acteurs, y compris l’industrie et les ONGs, sont soulagés par ce texte ambitieux pour les bornes de recharges électriques. La proposition de la Commission demande notamment aux États membres de commencer à développer les infrastructures de recharges pour les camions du futur. Nous regrettons simplement qu’il n’y ait pas, dans le texte, d’obligation d’installation de bornes de recharge pour les acteurs privés types parkings.”
“Pour le maritime par contre, c’est un désastre climatique. Le texte rend obligatoire les infrastructures de gaz fossile dans les ports, alors qu’il s’agit d’un carburant polluant et qui nécessite d’être importé.”
Aviation et transport maritime
Une première mondiale, les avions devront commencer à utiliser des carburants durables. L’UE exigera que 0.7% des carburants pour avions soient des carburants verts à base d’hydrogène, qui n’émettent pratiquement pas de carbone, d’ici à 2030, et augmentera l’objectif à 5% en 2035. En outre, les compagnies aériennes commenceront enfin à payer des taxes sur leurs carburants fossiles, comme le font les automobilistes à la pompe.
William Todts a déclaré : “Il est temps de mettre enfin un terme à l’exonération fiscale dont bénéficie l’aviation. Mais il ne suffit pas de taxer le kérosène. Nous devons rendre l’aviation propre et la meilleure façon de le faire est d’instaurer un mandat ambitieux pour les carburants électroniques afin d’amorcer la transition vers des vols verts.”
La Commission a proposé que le transport maritime, le plus grand resquilleur du monde en termes climatiques, soit tenu de réduire ses émissions par le biais du système communautaire d’échange de quotas d’émission. Cependant, le mandat sur les carburants dits “verts” pour le transport maritime stimulerait en fait le marché du Gaz Naturel Liquéfié, un combustible fossile, et des biocarburants non durables, au lieu de promouvoir les carburants électriques verts à base d’hydrogène. Les grands ports seraient même obligés de dépenser des milliards pour de nouvelles infrastructures de ravitaillement en gaz.
Diane Strauss a dit : “La proposition de la Commission européenne sur le maritime est en demi-teinte. Pour la première fois, le principe du pollueur-payeur va s’appliquer au maritime. Mais la proposition prévoit de rendre le ravitaillement en gaz obligatoire dans les ports, alors qu’il s’agit d’un carburant fossile, polluant et qui nécessite d’être importé. La position de la France n’a pas été particulièrement encourageante pour ce secteur. Sous la pression des armateurs français, le gouvernement a plutôt tenté de limiter l’ambition de la Commission européenne.
Énergie, prix du carbone et objectifs nationaux
La proposition de loi de l’UE sur les carburants verts, dite la Directive sur les Énergies Renouvelables, est une occasion manquée. La Commission prévoit de modifier la manière dont elle calcule les objectifs en matière de carburants non fossiles, mais ne fait rien pour mettre un terme aux biocarburants issus de cultures, qui peuvent émettre davantage que les carburants fossiles qu’ils remplacent. En revanche, la nouvelle loi fixe des objectifs trop élevés pour les biocarburants avancés et les carburants à base d’hydrogène. La Commission Européenne autorise les distributeurs de carburants à compter l’électricité renouvelable pour remplir leurs objectifs. Mais elle est également discriminatoire à l’égard de l’électricité renouvelable car elle supprime la pondération avantageuse qui lui était accordée, et qui reflétait sa plus grande efficacité.
William Todts a déclaré : “La nouvelle loi sur les carburants verts est une grande occasion manquée. Nous devrions nous débarrasser du diesel de palme et de soja qui saccage actuellement la forêt tropicale. Et au lieu de proposer des quotas totalement irréalistes pour les biocarburants dits avancés, l’UE devrait promouvoir pleinement l’électricité renouvelable dans les voitures et les camions. “
La Commission crée également un marché du carbone pour les secteurs routiers et le chauffage, qui entrera en vigueur à partir de 2026. Cette mesure devrait entraîner une augmentation de 5 centimes par litre, bien que le plan prévoit que la moitié des recettes sera reversée aux ménages à faibles revenus. La Commission a également proposé de revoir à la hausse les objectifs climatiques nationaux dans le cadre du “Partage de l’Effort”, ce qui incitera les États membres à prendre des mesures nationales telles que la suppression des subventions aux voitures de société polluantes, et permettra de promouvoir des politiques européennes ambitieuses.
Diane Strauss : Ce second marché du carbone pour les carburants routiers et le chauffage ne doit en aucun cas remplacer l’action des gouvernements, qui sont les seuls à pouvoir investir dans des infrastructures alternatives et décarbonées. La proposition de la Commission sera mise en place lentement, avec des prix du carbone très bas, et les revenus seront reversés aux familles à revenus faibles et moyens. Ce mécanisme de prix du carbone ne jouera qu’un rôle mineur dans la réduction des émissions du transport routier et continue de poser des questions importantes de justice sociale.
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