Les Etats membres devront accélérer le déploiement du réseau de recharge publique pour les voitures et les camions électriques.
Suite à l’accord trouvé par les eurodéputés et les gouvernements de l’UE lundi soir, les bornes de recharge publiques pour les camions et les voitures électriques devront être installées à intervalles réguliers le long des principaux axes routiers européens, ainsi que dans les grandes villes. Pour Transport & Environment (T&E), ce nouveau règlement sur les infrastructures pour carburants alternatifs (AFIR) est une vraie avancée qui va permettre de répondre aux attentes des acteurs du transport routier et des automobilistes. La loi exige également que les infrastructures de recharge pour les voitures suivent le rythme du nombre de voitures électriques dans chaque pays de l’UE.
D’ici à 2030, les pays devront installer au moins 3 600 kW de capacité de recharge pour les camions, tous les 60 km, le long des principales autoroutes de l’UE [1]. Sur les autoroutes secondaires [2], une capacité de recharge d’au moins 1500 kW devra être disponible tous les 100 km. Des centres de recharge devront également être disponibles dans chaque grande ville d’ici 2030, et il devra y avoir quatre stations de recharge dans chaque « aire de stationnement sûre et sécurisée pour les camions ». La loi prévoit enfin un nombre suffisant de stations de ravitaillement en hydrogène pour la flotte de camions à hydrogène prévue dans le futur.
Selon T&E, cette réglementation est un signal fort en faveur de la conversion à l’électrique des poids lourds. Le déploiement du réseau de recharge est en effet pour les transporteurs qui parcourent de longues distances une condition quasi préalable à cette conversion.
Cette réglementation contribuera également à soutenir un haut niveau d’ambition dans les discussions à venir au Parlement et au Conseil européens sur les standards CO2 des poids lourds. En effet, la proposition de la Commission de réduire les émissions de CO2 de ces véhicules de 45% en 2030 vise à faire grimper l’électrique à 37% des ventes d’ici 2030 [3]. La réglementation AFIR, en garantissant la disponibilité de la recharge publique, sécurise l’atteinte de cet objectif. Elle permet même d’envisager d’aller plus loin, en visant 65% de réduction des émissions de CO2 dès 2030 (ce qui reviendrait à 60% de part de marché pour les camions zéro émission à cette échéance).
Marie Chéron, responsable des politiques véhicules à T&E France, explique : « Pour les transporteurs, la disponibilité d’un réseau fiable de recharge constitue une condition sine qua non du passage à l’électrique. La loi européenne sur les infrastructures de recharge apporte enfin une réponse de ce point de vue. Pour les Etats, cette loi est un des maillons indispensables pour planifier la conversion vers les camions zéro émission. Elle contribuera ainsi de manière concrète à la décarbonation du secteur du transport de marchandises. Enfin, les députés européens et les Etats membres ont désormais entre les mains un outil clé pour renforcer l’ambition du texte sur les émissions de CO2 des poids lourds. »
Pour les voitures, les nouveaux objectifs de recharge seront basés sur la taille du parc automobile. Cela signifie que l’infrastructure de recharge publique devra se développer parallèlement à l’adoption des véhicules électriques. D’ici à 2025, toutes les autoroutes principales devront être équipées de stations de recharge tous les 60 km. Cette obligation sera étendue à toutes les autoroutes secondaires d’ici à 2030. Toutes les stations de recharge rapide de l’UE devront accepter les cartes bancaires pour les paiements.
Pour Marie Chéron, « Nous avons besoin d’en finir avec l’angoisse de la recharge et cette réglementation est une avancée concrète. Les Etats membres vont être légalement tenus de massifier les infrastructures à mesure que les voitures électriques seront mises en circulation. Les conducteurs pourront payer par carte bancaire partout en Europe. Il sera aussi facile de recharger un véhicule électrique que de faire le plein. »
Dans le domaine du transport maritime, les ports européens devront permettre aux porte-conteneurs et aux navires de croisière de se brancher à quai pour fonctionner à l’électricité à partir de 2030. Cela contribuera à réduire la pollution de l’air dans les villes portuaires. Les pays de l’UE devront également rendre compte de leurs projets en matière de soutage dans leurs ports, ceci incluant les infrastructures de ravitaillement en électricité, en hydrogène, en méthanol et en ammoniac.
Pour T&E, ces informations sont cruciales pour les compagnies maritimes qui investissent dans des navires fonctionnant avec des carburants d’origine renouvelable ou bas-carbone. Cet accord fait suite à l’adoption des premiers quotas mondiaux en matière de carburants décarbonés pour le transport maritime dans la législation de l’UE.
Le règlement AFIR doit maintenant être approuvé par les gouvernements de l’UE et le Parlement européen avant d’entrer en vigueur.
Notes aux éditeurs:
[1] En France, le réseau principal comprend par exemple les autoroutes A1 (Paris-Lille), A4 (Paris-Strasbourg), A6 (Paris-Lyon), A7 (Lyon-Marseille), A10 (Paris-Bordeaux), A31 (Dijon-Luxembourg) et A62 (Bordeaux-Toulouse) (liste non exhaustive).
[2] Pour la France, cela concerne notamment l’A16 (Paris-Amiens-Calais), l’A89 (Bordeaux-Clermont Ferrand), la N19 (Langres-Belfort) ou encore la N88 (Saint-Etienne-Albi).
La dénomination de l’UE distingue le réseau routier principal (core road network) du réseau routier global (comprehensive road network), définis dans le règlement UE n° 1315/2013.
[3]Le reste des gains CO2 étant obtenus via les gains en efficacité.
Une partie de la demande en nickel, manganèse et cobalt pourrait aussi provenir du recyclage. L'UE et le Royaume-Uni risquent néanmoins de rater cette...
Un cadre réglementaire européen sur la recharge bidirectionnelle est nécessaire pour que l’ensemble des véhicules électriques puissent être compatible...