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Fabriquer une batterie en Europe permettrait de réduire son empreinte carbone jusqu’à -60%

mai 13, 2024

Selon T&E, la France est l’un des pays qui a le mieux sécurisé les investissements dans la production de batteries.

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An industrial blueprint for batteries in Europe:

Etude complète (en anglais)

88% Part de la production de batteries en France d'ici 2030 considérée comme "sécurisée" par T&E.

Selon une nouvelle analyse de Transport & Environment (T&E), relocaliser la chaîne de production des batteries en Europe (métaux, cathodes, cellules…) permettrait de réduire de 37% les émissions liées à leur fabrication, par rapport à une chaîne d'approvisionnement contrôlée par la Chine.

Cette réduction passe à plus de 60 % dans un scénario où l’industrie utilise principalement de l'électricité renouvelable. Au final, relocaliser la production des cellules et des composants des batteries en Europe permettrait d'économiser environ 133 millions de tonnes de CO2 entre 2024 et 2030, soit l'équivalent des émissions annuelles de la République Tchèque [1].

Pour concrétiser la totalité des projets, il faudra un fort soutien politique au niveau européen. L’analyse de T&E indique en effet que moins de la moitié (47 %) de la production de batteries lithium-ion prévue en Europe d’ici à 2030 est sécurisée et ne présente pas de risque d’être retardée, réduite ou annulée. Les 53 % restants présentent toujours un risque « moyen » à « élevé » de ne pas voir le jour.

Diane Strauss, directrice France de Transport & Environment, précise : « Les batteries et les métaux qui les composent sont le nouvel eldorado de l’énergie dans le monde. Pour récolter les bénéfices industriels et climatiques de cette filière, les dirigeants européens doivent faire preuve d'une réflexion commune. Il s'agit de favoriser la production européenne en fixant des exigences strictes en matière de durabilité, par exemple avec les futures règles sur l'empreinte carbone des batteries ».

La France, l’un des pays les moins à risque pour les batteries

En ce qui concerne la sécurisation des capacités de production, la France fait partie des pays qui ont fait le plus de progrès depuis la première évaluation des risques réalisée par T&E l’année dernière [2]. Sur les 171 GWh de batteries prévus dans le pays d’ici 2030, 88% sont considérés comme étant « à faible risque » d’être annulés ou décalés. L'année dernière, ACC a ainsi démarré sa production dans le Pas-de-Calais, tandis que l'usine de Verkor à Dunkerque, qui doit démarrer d’ici 2025, vient de lancer sa première campagne de recrutement. En comparaison, seulement 56% des projets en Allemagne sont classés « à faible risque », 49% en Hongrie et 27% en Espagne.

En ce qui concerne les batteries, la Finlande, le Royaume-Uni, la Norvège et l'Espagne ont la plus grande capacité de production à risque moyen ou élevé en raison, respectivement, des doutes sur les projets du groupe finlandais Minerals, de la Gigafactory des West Midlands, de Freyr et d'Envision AESC. T&E appelle les législateurs à consolider les investissements en renforçant les politiques de l'UE en matière de voitures électriques, en appliquant des exigences strictes en matière de durabilité des batteries qui récompensent la fabrication européenne, et en renforçant le financement au niveau de l'UE.

Pour les autres éléments de la chaîne de valeur des batteries, sécuriser la production européenne sera plus difficile, compte tenu de la domination de la Chine et du savoir-faire encore embryonnaire de l'Union européenne. Selon T&E, l'Europe a le potentiel pour produire 56 % de sa demande en cathodes - les composants les plus précieux des batteries - d'ici à 2030.

Néanmoins, seules deux usines de ce type ont démarré leurs activités sur le continent jusqu'à présent. De même, d'ici à la fin de la décennie, l’Europe pourrait également satisfaire tous ses besoins en lithium traité et faire en sorte qu'entre 8 % et 27 % des métaux de batteries soient issus du recyclage. Cependant, T&E estime que les usines de traitement et de recyclage ont besoin de l'aide de l'UE et des États pour se développer rapidement.

« La course aux batteries entre la Chine, l'Europe et les États-Unis s'intensifie. Si certains investissements dans les batteries, qui risquaient d'être détournés par les subventions américaines, ont été sauvés depuis l'année dernière, près de la moitié de la production prévue d'ici 2030 est encore menacée. Pour y remédier, l'UE doit éviter toute ambiguïté sur la fin de vente des moteurs thermiques et fixer des objectifs d'électrification pour les véhicules d'entreprises. Ces signaux forts permettront d'assurer aux investisseurs que les gigafactories européennes disposeront d'un marché garanti pour leurs produits » conclut Diane Strauss.

FIN

Note aux éditeurs

[1] A condition que l'Europe parvienne à produire assez de cellules de batteries et de cathodes pour répondre à l'ensemble de sa demande interne.

[2] Une précédente analyse de T&E, réalisée en mars 2023, estimait à l’époque que deux tiers des projets de batteries annoncés par l'Europe étaient menacés.

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