Une partie de la demande en nickel, manganèse et cobalt pourrait aussi provenir du recyclage. L'UE et le Royaume-Uni risquent néanmoins de rater cette opportunité, car la moitié des projets de recyclage européens sont menacés.
Le recyclage des métaux des batteries des voitures électriques permet de diminuer la dépendance aux importations et ainsi de mieux maîtriser la chaîne d’approvisionnement. Une nouvelle étude de T&E (Transport & Environment) a évalué ce potentiel pour l’Europe : en théorie, les capacités de recyclage de l’UE et du Royaume-Uni permettraient de fournir assez de lithium pour les batteries de 2,4 millions de véhicules en 2035, soit environ 15% de la demande européenne.
Le recyclage couvrirait aussi 13 % des besoins en manganèse pour les voitures électriques, 25 % en nickel, et 62 % en cobalt. Ces quantités pourraient ensuite augmenter considérablement. En 2040, la région pourrait être presque autosuffisante en cobalt pour les voitures électriques.
Marie Chéron, responsable des politiques véhicules à T&E France, explique : « Si l'Europe réalise tous ses projets de recyclage, elle pourra considérablement réduire sa dépendance vis-à-vis des métaux critiques importés. Ce sont en effet des millions de véhicules dont les batteries seraient fabriquées à partir de ces métaux récupérés ».
La récupération des matériaux des batteries permettra, à terme, de réduire le besoin d'extraction de matières premières. L'étude montre que le recyclage des métaux en Europe pourrait éviter la construction de 12 nouvelles mines dans le monde d'ici à 2040 : quatre de lithium, trois de nickel, quatre de cobalt et une de manganèse. La maîtrise des volumes d’extraction est incontournable pour limiter les effets de ces activités sur l’environnement, l'eau, le sol et la biodiversité.
Implanter une filière de recyclage en Europe, où le mix électrique est faiblement carboné, permettra de réduire l'empreinte carbone de cette activité, et par ailleurs d’investir pour améliorer l’efficacité des techniques de recyclage. L’empreinte carbone diminuerait de près d’un cinquième (-19 %) si le lithium était recyclé en Europe au lieu d’être extrait en Australie puis raffiné en Chine comme c’est souvent le cas actuellement. Pour y parvenir, l'Europe doit sécuriser son industrie. Selon le rapport, près de la moitié des capacités de recyclage annoncées sont en attente ou incertaines.
T&E appelle l'UE et le Royaume-Uni à soutenir la filière du recyclage dans leurs politiques et leurs programmes de financement. La prochaine proposition de loi sur l'économie circulaire de l'UE devrait soutenir l'implantation d’usines de recyclage domestiques tout en limitant les exportations de déchets de batteries et en simplifiant le transport des matériaux de batteries en fin de vie au sein de l'Europe.
« L'UE et le Royaume-Uni risquent de rater une occasion en or. Près de la moitié de la capacité de recyclage prévue est menacée en raison des coûts élevés de l'énergie, d'une pénurie d'expertise technique ou d'un manque de soutien financier. Il est temps que le recyclage des batteries soit valorisé comme technologie propre et il est temps d’en faire une priorité dans nos politiques et nos subventions », conclut Marie Chéron.
Selon T&E, la France est l’un des pays qui a le mieux sécurisé les investissements dans la production de batteries.
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