Les aides prévues par l’Inflation Reduction Act (IRA) américain sont une menace majeure pour les projets de gigafactories, à moins que l’Europe ne propose des mesures incitatives et facilite la délivrance des permis.
Un peu plus des deux tiers (68 %) de la production de batteries lithium-ion prévue en Europe en 2030 risque d’être retardée, réduite ou annulée, selon une nouvelle analyse publiée par Transport & Environment (T&E). En cause, l’attrait des investisseurs pour les Etats-Unis et ses milliards de dollars promis par l’Inflation Reduction Act (IRA). Des usines, comme celles de Tesla ou Northvolt en Allemagne, ou encore Italvolt près de Turin, risquent de perdre les plus gros volumes de leur capacité prévue. Pour T&E, l’UE doit offrir un soutien financier attractif pour augmenter la production de batteries sur le continent. Elle doit également accélérer les procédures d’approbation pour retenir les projets menacés par les subventions américaines.
Au total, une capacité de production de batteries équivalant à 18 millions de voitures électriques, soit 1,2 TWh, présente un risque moyen à élevé d’être interrompue ou perdue. Sans cette capacité, l’Europe ne sera pas en mesure de satisfaire seule sa demande de batteries en 2030 et devra importer. Pour son étude, T&E a évalué les 50 gigafactories prévues en Europe à partir d’informations publiques et en fonction de plusieurs critères: avancement, financement, sécurisation de l’emplacement et liens des entreprises avec les États-Unis.
Diane Strauss, directrice de T&E France, explique: « La production de batteries dans l’UE est prise entre le feu croisé de l’Amérique et de la Chine. L’Europe doit agir pour ne pas tout perdre. Afin de réagir aux subventions américaines et à l’avance chinoise en matière de batteries, il est urgent de mettre en place une politique industrielle verte axée sur les batteries, avec un soutien à l’échelle de l’UE pour augmenter la production. »
L’Allemagne, la Hongrie, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni sont les pays qui risquent de perdre gros si les fabricants de batteries changent leurs plans. L’usine Giga Berlin de Tesla est particulièrement menacée, l’entreprise ayant expliqué qu’elle allait concentrer la fabrication de cellules aux États-Unis pour profiter des incitations prévues par la loi sur la réduction de l’inflation.
Italvolt, fondée par le PDG de l’entreprise en faillite BritishVolt, risque d’être reléguée au second plan au profit de son projet frère, Statevolt, en Californie. Pour éviter le sort de BritishVolt, la gigafactory prévue dans les West Midlands, au Royaume-Uni, doit encore trouver un investisseur. Le rapport de T&E met également en doute les projets d’InoBat en Serbie et en Espagne, l’entreprise ayant récemment obtenu des financements pour une coentreprise avec une société américaine dans l’Indiana.
La part de l’Europe dans les investissements mondiaux en faveur de la production de batteries Li-ion s’est écroulée, passant de 41 % en 2021 à 2 % en 2022, selon BloombergNEF. Dans le même temps, les investissements dans les batteries aux États-Unis et en Chine ont continué de croître, et certaines entreprises européennes comme Northvolt ont déjà annoncé leur expansion en Amérique. Selon T&E, les ressources limitées dont disposent les entreprises pour augmenter leur production, ainsi que l’offre restreinte de matières premières, font de la course aux batteries entre les États-Unis et l’Europe un jeu à somme nulle.
« L’Europe devrait imiter l’IRA américain en termes de ciblage, de simplicité et de visibilité. Un fonds central, accessible à tous les États membres, devrait donner la priorité aux chaînes de valeur des batteries, aux énergies renouvelables et aux réseaux intelligents (smart grids). L’UE ne peut pas être compétitive si elle ne dispose pas d’une politique industrielle solide, axée sur l’augmentation de la production et récompensant les projets écologiquement durables.» assure Diane Strauss.
Le 14 mars, la Commission européenne publiera son Net Zero Industrial Act, qui répondra en partie aux avantages fiscaux et aux subventions accordés par l’IRA pour la localisation des chaînes d’approvisionnement en batteries en Amérique. T&E demande des objectifs de production, des allègements fiscaux et des subventions pour développer la fabrication de batteries tout en respectant pleinement les normes environnementales de l’Europe. T&E estime aussi qu’un programme de simplification écologique est nécessaire pour accélérer les processus d’autorisation et d’approbation des projets.
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